Voici donc "Fénix" qui sort doucement des cartons à dessin...

 

Comme l'oiseau du même nom, cette  création interroge notre capacité à renaître de nos cendres. Inspirée, entre autres, des œuvres de Boltansky et de son travail sur la mémoire, ou des recherches de Boris Cyrulnik, elle utilise la manipulation d'images pour évoquer la reconstruction suite à un effondrement.

 

Rencontre des arts graphiques et du théâtre, elle  invite petits et grands, à une rencontre chaleureuse et intime. Suivons ensemble l'épopée de Fénix, cheval de carrousel singulier. Nous le verrons, tour à tour, envolé, déchiré, métamorphosé, égaré, pour mieux, finalement, se re/trouver.

Le projet global de "Fénix" rassemble diverses propositions artistiques:

*  la forme courte: Fénix -Format A5 -

*  la forme longue : Fénix -Format A3 -

*  la exposition : Esquisse Fénix

* des actions culturelles: ateliers de théâtre de papier, médiation de l'exposition...

 

 

Une histoire, deux spectacles

 

- Format A5-
Théâtre de papier
A partir de 6 ans
Jauge: 30 personnes
Durée: 30 mn
Une comédienne

Une régisseuse

- Format A3 -
Théâtre de papier et violoncelle
A partir de 6 ans.
Jauge: 80 personnes
Durée: 45mn
Une comédienne/ un musicien

un régisseur


Synopsis

Fénix est un cheval de manège.
Celui qui est tout en haut, avec les oiseaux.
Il tourne en rond toute la journée sans qu'aucun enfant ne monte sur son dos.
Il s'ennuie...
Heureusement, autour de lui volent les mouettes de passage.
... Fénix rêve de voyage.
Un jour, ou plutôt une nuit, de lourds avions prédateurs s'invitent à la causerie.
Au nom de la guerre, ils réduisent la ville en miettes.
 Fénix est en mille morceaux.
Comment notre cheval de bois va-t-il renaître de ses cendres ?

 

Une artiste déploie ses cartons à dessin et déplie l'aventure de Fénix.
En filigrane, apparaît sa propre histoire abîmée par la guerre.
Portrait froissé d’un bonheur fragile comme du papier.

NOTE D'INTENTION

 

Résilience

Tout a commencé à Brest.

Des heures d’errance dans ses rues d’après-guerre, l’océan en toile de fond.

 A se demander comment était l’ancienne ville, avant les bombardements de la seconde guerre.

J’en cherche les restes, rencontre ses cicatrices, fouille les archives.

Etudiante aux beaux-arts, je croque ses murs, grave ses lignes pour essayer de comprendre où je suis. Un peu plus tard, à Saint-Nazaire ou Lorient, la même question me taraude : quand on a fait table rase de quartiers entiers, de foyers, de quotidiens, comment la vie peut reprendre son cour ? Que sont devenus les habitants ? Où se niche l’âme de la ville ?

 

Un peu plus tard, à l’Abbaye Royale de Fontevraud, je travaille à la médiation d’une exposition dédiée aux manèges anciens. Des heures durant, je vis avec des girafes et des chevaux de bois. Je les dessine pour passer le temps, leurs donne des noms, leurs imagine des vies. J’apprends l’histoire des fêtes foraines et constate que tout a basculé avec la guerre. Le temps n’est plus aux réjouissances mais à la survie. Ce qui était un objet de plaisir, le cheval de carrousel, devient du bois de chauffage. Beaucoup de manèges seront détruits et disparaîtront en temps de guerre.

 

Apparaît alors l’histoire de Fénix, avec l’envie d’interroger notre capacité à nous relever de nos cendres, comme l’oiseau fantastique du même nom. Comment se réinventer après un traumatisme et se jeter librement de nouveau vers l’horizon?

J’écris un conte, celui d’un cheval de manège, détruit puis reconstruit, et le mets en volume sous forme d’un livre carrousel illustré.

 

Les recherches de Boris Cyrulnik, à l’initiative de la notion de « résilience », sont venues appuyer la création du spectacle.

Parmi les notions qui orientent l’écriture, il y a le temps. Le temps nécessaire à l’absorption, puis à la transformation du traumatisme, pour en extraire quelque chose de nouveau. Dans le spectacle, ce sont des temps contemplatifs, visuels et musicaux où l’on rentre dans l’intériorité des personnages, leurs rêves, leurs émotions.

Une autre notion est celle de l’accompagnement dans les épreuves. Il est difficile d’avancer sans des personnes ressources. L’amour familial, la force de l’amitié, sont autant de liens que l’on retrouve  entre les personnages du spectacle.

 

Eternel recommencement

L’un des personnages principaux, Fénix, vit en haut d’un carrousel. Il tourne en rond inlassablement et s’ennuie. L’ennui a l’avantage d’encourager le rêve. Fénix rêve donc, emprisonné dans sa routine, jusqu’à l’arrivée d’un évènement bouleversant : la guerre.

La vie, la destruction, la renaissance, la vie : éternel recommencement que l’on retrouve dans les saisons, les générations, l’Histoire. L’aiguille de l’horloge tourne, revient au même point, repart pour un tour. Certains appellent cela « le tourbillon de la vie ».

 

Dans la petite forme du spectacle « Fénix –Format A5 », le récit part d’une vieille ville, fait un petit tour et revient à la nouvelle ville. Les décors, posés sur une table à roulettes, tourne sur lui-même.

Rozine, en personnage de papier se retourne également selon son état.

 

Dans la grande forme « Fénix », nous explorons les possibilités de l’espace scénique en bi-frontal.

Ayant le public de chaque côté, nous pouvons jouer avec la rotation des éléments de décors, comme le carrousel, mais aussi le recto-verso des images manipulées. En musique, la boucle évoque le temps, comme, par exemple, dans la musique de Philippe Glass.

 

Transmission

L’architecture d’une ville nous raconte l’Histoire et aide à entretenir une mémoire collective.

A l’intérieur de ses murs, des petites histoires fourmillent. Celles de nos vies.

Au fur et à mesure des générations, les mémoires familiales s’entretiennent. Ma génération a écouté les récits de guerre, les anecdotes, les souvenirs, au cours des repas du Dimanche midi.

Les œuvres de Christian Boltanski m’apparaissent comme une source inépuisable d’inspiration pour évoquer la mémoire. Elles racontent la fragilité de nos vies et de ce qui en reste après la mort.

 

Dans « Fénix », les personnages, adultes, se retrouvent dans le grenier de leur grand-mère. En jouant avec les objets entreposés là, ils plongent dans l’histoire de Rozine et font la rencontre de Fénix. Un magnétophone  leurs permet d’écouter de vieux enregistrements, le témoignage de leur mamie et de faire un bond dans le passé.

 

Le spectacle vivant est un lieu de transmission par essence même. Nous vivons une expérience collective sensible et, parfois, émouvante. Vivre cela en famille, toutes générations confondues, favorise les échanges quant à la proposition artistique.

Par ailleurs, le jeu théâtral, la manipulation d’images  et la musique en live sont autant de matières palpables, que le public peut s’approprier facilement.

 

Intimité

Le théâtre de papier se jouait, au XIXième siècle, dans les sphères intimes de la famille et des amis. Il prenait place dans le salon, comme parfois le violoncelle en musique de chambre. Dans tous les cas, les artistes et le public sont proches.

C’est aussi pour cela que nous avons choisi la bi-frontalité : cela permet au public d’être proche de la scène et aux artistes d’être au cœur du public.

 

 

Techniques plastiques

Le conte – forme primitive: livre carrousel illustré

Spectacle - Petite forme: théâtre de papier sur table

Spectacle - Grande forme: grands pop-ups et systèmes, peinture en live

 

Fragile et éphémère, le papier est un matériau du quotidien, à la fois commun et précieux.

On peut le manier, le transformer de mille manières.

Si la forme du spectacle suit les grandes lignes du  théâtre de papier traditionnel, elle explore également d’autres aspects du traitement du papier, en utilisant, entre autres, le pop-up.

"Pop-up" signifie "apparaître", "surgir". Il a l’avantage de produire l’effet « Wouahou ! ».

Les livres animés, nous apportent magie et surprise de par leurs mécanismes secrets. Les apparitions et  disparitions des images grâce à ces systèmes  racontent à leurs manières l’histoire des protagonistes .Tout comme le livre carrousel tournant sur lui-même évoque l’ennui de “Fénix”, le petit cheval de manège.

 

Les planches nécessaires à la construction d’un théâtre de papier étaient gravées et colorées.

Le dessin, la gravure, les collages mais aussi les photos sont autant de techniques abordées pour la construction des images manipulées de  “Fénix”.

Je reviens par là-même à mes premières expériences artistiques aux beaux -arts de Brest.

Anne Merceron, comédienne-plasticienne